Mettre en place une solution de GED (Gestion Électronique des Documents) n’est plus une simple option pour les entreprises soucieuses de leur efficacité et de leur compétitivité ; c’est une nécessité stratégique. Face à l’explosion du volume de données et à la complexité croissante des réglementations (comme le RGPD), la gestion documentaire traditionnelle atteint rapidement ses limites.
Phase préparatoire : l’audit et la définition des besoins
Toute mise en place de solution GED doit débuter par une phase d’introspection et d’analyse. Il est illusoire de penser qu’un logiciel, même performant, résoudra des problèmes qui n’ont pas été clairement identifiés en amont. Cette étape préparatoire est la fondation même de votre projet.
Un état des lieux complet de l’existant
Avant de choisir un outil, il est impératif de comprendre avec précision comment l’information circule au sein de l’organisation. L’audit documentaire est une cartographie complète qui permet de lister tous les types de documents (factures, contrats, fiches de paie, correspondances, documents techniques, etc.), d’évaluer leur volume, leur support actuel (papier ou numérique) et d’identifier les formats utilisés. Il faut également analyser le cycle de vie de chaque document : qui le crée, qui le consulte, qui le valide, où est-il stocké et pour combien de temps.
Définir des objectifs clairs et mesurables
Une fois l’état des lieux réalisé, il est temps de formaliser les objectifs du projet. Ceux-ci doivent être précis et quantifiables. Cherchez-vous à réduire le temps de recherche de documents ? À automatiser le processus de validation des factures ? À renforcer la sécurité des données sensibles ? À garantir la conformité réglementaire de l’archivage ? La clarté des objectifs permet d’orienter le choix de la solution et de mesurer son succès après le déploiement. Pour cela, la nomination d’un chef de projet GED est cruciale. Cette personne, ou ce comité de pilotage, sera le moteur et le garant de la cohérence de l’ensemble du projet.
Rédaction du cahier des charges fonctionnel
L’aboutissement de cette première phase est la rédaction d’un cahier des charges (CdC) exhaustif. Ce document formalise l’ensemble des attentes et des exigences de l’entreprise vis-à-vis de la future solution. Le CdC doit détailler les fonctionnalités attendues (capture, indexation, recherche, gestion des versions, workflows, sécurité, archivage) ainsi que les contraintes techniques (intégration avec les systèmes existants : ERP, CRM, logiciels métiers) et budgétaires. C’est le document de référence qui sera transmis aux éditeurs et intégrateurs potentiels.
Choix et acquisition de la solution GED
La sélection du logiciel est une étape charnière qui nécessite de comparer les offres du marché en fonction des besoins précis définis dans le cahier des charges.
L’importance des critères de sélection
Le marché des solutions de GED est vaste et propose des outils très variés, allant des logiciels open source aux plateformes haut de gamme. Le choix ne doit pas se faire uniquement sur le prix, mais sur une évaluation multicritères rigoureuse.
Facilité d’utilisation et ergonomie
L’adoption par les utilisateurs est le premier facteur de succès. Une interface complexe ou peu intuitive entraînera une résistance au changement et une utilisation partielle, voire un échec du projet. La solution doit être agréable à utiliser et s’intégrer naturellement dans le quotidien des collaborateurs.
Sécurité, conformité et pérennité
La solution doit garantir un haut niveau de sécurité, notamment par un chiffrement des données et une gestion fine des droits d’accès. Elle doit également être conforme aux normes d’archivage légal (par exemple, NF Z42-013) et aux exigences du RGPD. La pérennité de l’éditeur et l’évolutivité de la solution sont aussi des points essentiels pour s’assurer que l’outil accompagnera la croissance et les évolutions technologiques de l’entreprise.
Interopérabilité et modèle d’hébergement
La capacité de la GED à s’intégrer facilement avec les autres logiciels de l’entreprise (ERP, CRM) est indispensable pour fluidifier les processus. De plus, il faut trancher la question de l’hébergement : solution on-premise (sur les serveurs de l’entreprise) offrant un contrôle total, ou solution SaaS/Cloud privilégiant la flexibilité, la facilité de déploiement et une réduction des coûts de maintenance. Le choix dépendra souvent des politiques internes de sécurité et de la taille de l’organisation.
Évaluation des partenaires et démonstrations
Ne vous contentez pas de plaquettes commerciales. Exigez des démonstrations ciblées, basées sur vos propres cas d’usage et vos types de documents réels. Il est souvent pertinent d’effectuer une phase pilote sur un périmètre restreint (un service ou un type de document spécifique) pour tester concrètement la solution et l’intégrateur retenus avant le déploiement généralisé. Cette étape permet d’identifier et de corriger les éventuels problèmes avant qu’ils ne touchent l’ensemble de l’entreprise.
Implémentation et déploiement du système GED
Une fois le choix arrêté et le contrat signé, l’étape d’implémentation est lancée. C’est la phase de concrétisation technique et organisationnelle.
Structuration, paramétrage et migration des données
Le travail commence par le paramétrage de la solution selon la structure documentaire validée. Il s’agit de définir l’arborescence logique des dossiers, les plans de classement, les règles d’indexation, les métadonnées obligatoires et les workflows documentaires (circuits de validation). C’est le moment de mettre en place l’architecture qui garantira que chaque document soit facilement stocké et retrouvé.
La migration documentaire est une opération délicate qui doit être planifiée avec soin. Il est recommandé de profiter de cette étape pour réaliser un grand ménage dans les archives : purger les documents obsolètes et numériser en priorité les documents papier actifs. La qualité de l’indexation et du transfert des documents existants est primordiale pour ne pas polluer le nouveau système avec des données erronées ou incomplètes.
Conduite du changement et formation des utilisateurs
Un outil parfait ne sert à rien si personne ne l’utilise correctement. La conduite du changement est le pilier de l’adoption de la solution. Elle passe par une communication proactive et positive auprès des équipes, expliquant clairement les bénéfices attendus (gain de temps, moins de stress, meilleure collaboration) et le calendrier de déploiement.
La formation doit être adaptée aux différents profils d’utilisateurs. Les administrateurs auront besoin d’une formation technique avancée, tandis que les utilisateurs finaux devront se concentrer sur les fonctionnalités essentielles à leur quotidien : stockage, recherche et participation aux workflows. Des ambassadeurs GED dans chaque service peuvent également être désignés pour soutenir leurs collègues et remonter les problèmes.
Le déploiement du projet GED n’est pas la fin du projet, mais le début d’un cycle d’amélioration continue.
Mesurer l’impact et le retour sur investissement
Après la mise en production, il est indispensable de mesurer l’atteinte des objectifs définis en amont. Les indicateurs clés de performance (KPI) peuvent inclure :
- Le temps moyen de recherche d’un document.
- Le taux d’adoption de la solution par les équipes.
- La réduction des coûts liés au papier et au stockage physique.
- Le temps de cycle des processus automatisés (validation de factures, traitement de dossiers clients, etc.).
Ces mesures permettent de valider le retour sur investissement (ROI) de la GED et d’identifier les points de friction à améliorer.
Maintenance et évolution du système
Un système GED est un outil vivant qui doit évoluer avec l’entreprise. La maintenance régulière, l’application des mises à jour logicielles et la vérification de la sécurité sont des tâches continues. L’optimisation passe par une veille technologique et l’intégration progressive de nouvelles fonctionnalités (par exemple, l’Intelligence Artificielle pour la reconnaissance automatique de documents ou l’intégration de la signature électronique). La réussite à long terme de la solution dépend de la capacité de l’entreprise à la maintenir à jour et à l’adapter aux nouveaux besoins.
Réussir un projet de GED
En conclusion, mettre en place une solution de GED est un projet structurant et souvent complexe, mais dont les bénéfices en termes de productivité, de sécurité et de conformité sont considérables. En suivant cette méthodologie rigoureuse, de l’audit initial à l’optimisation continue, vous assurez une transformation réussie de votre gestion documentaire, libérant ainsi vos collaborateurs des contraintes administratives pour qu’ils puissent se concentrer sur des tâches à forte valeur ajoutée.

